La mythologie scandinave : un mythe dans le mythe

La bataille de Thor contre les Géants, Mårten Eskil Winge (1872)

Récemment, j’ai lu La Mythologie Viking, de Neil Gaiman. En ouvrant le livre, mon ignorance m’a sauté aux yeux. Je connaissais des figures comme Thor, Odin, Loki. J’avais entendu parler des neuf mondes et d’Yggdrasil, le frêne qui les porte. Je connaissais tout ça, mais je le connaissais comme tout le monde. Chère lectrice, cher lecteur, peut-être ignorais-tu tout de la mythologie scandinave, bien que j’en doute fort. Ça, c’était avant le Marvel Cinematic Universe, dont Thor est un personnage phare. Si tu l’as découvert ainsi cependant, méfie-toi de l’effet Disney. Hollywood nous offre une vision édulcorée, et comme ça marche auprès du public, elle peut vite devenir une référence.

Thor, ou la mythologie scandinave vue par Marvel.
Chris Hemsworth dans Thor, le Monde des Ténèbres (Alan Taylor, 2013)

Faut-il jeter la pierre à Marvel pour avoir repris la mythologie scandinave à sa sauce ? Avant le film Thor (Kenneth Branagh, 2011), il y avait déjà le comic .Comme pour tous les super-héros, l’adaptation a donné lieu à des querelles byzantines sur sa conformité ou non au comic. Mais pour retrouver l’œuvre originale, à supposer que la formule ait un sens, il faut remonter à la mythologie. Cela n’a pas de quoi effrayer le public geek qui compte beaucoup de passionnés de mythes et légendes. Beaucoup sont venus à la mythologie scandinave par l’intermédiaire d’autres auteurs (Tolkien, par exemple). Auteur apprécié du public geek, Gaiman, lui-même la décrit comme la mythologie qui l’inspire le plus. Mais au-delà des mythes vikings, il y a eu les mythes sur les Vikings.

La mythologie scandinave et le mythe des Vikings

Dans la culture populaire, on en trouve une certaine représentation. Ils peuvent être des guerriers valeureux ou des pillards sanguinaires, selon le traitement qu’en fera l’œuvre qui les évoque. Ce que celle-ci nous montre en général, c’est qu’au cours de leurs raids, ils ont marqué les esprits. Citons en vrac le film Les Vikings (Richard Fleischer, 1958, avec Kirk Douglas), la bande dessinée Astérix et les Normands (Goscinny et Uderzo, 1966), plus récemment, le film d’animation Dragons (Dean DeBlois et Chris Sanders, 2010), et la série Vikings (Michael Hirst, 2013- ).

Dragons, des histoires pour enfants inspirés de l'imaginaire vikings
Hiccup et Astrid sur le dos de Toothless, dans Dragons (Dean DeBlois et Chris Sanders, 2010)

Il n’est pas question ici de la mythologie scandinave, mais bien des Vikings eux-mêmes. Or, toutes ces productions viennent de pays de culture non-scandinave. La série Vikings, qui se veut au plus près de l’histoire, compte beaucoup d’approximations et romance largement les origines des raids vikings. Plus généralement, cela illustre un problème : on connaît peu de créations littéraires où les peuples nordiques parlent d’eux-mêmes. Prudence, cependant : ce n’est pas parce qu’on ne les connaît pas qu’elles n’existent pas.

Entre la tradition littéraire originelle et la nôtre, le fossé temporel peut rendre la lecture difficile. Néanmoins, il existe en réalité de nombreux textes traitant de la mythologie nordique, notamment dans les fameuses sagas islandaises. L’Edda de Snorri est le texte emblématique de la mythologie scandinave. Rédigée par Snorri Sturluson, poète islandais, ce serait la plus ancienne trace écrite connue de la mythologie nordique. Le Codex Regius, connu pour rassembler l’Edda poétique serait quant à lui daté du XIVe siècle.

A furore Normanorum, libera nos, Domine ! et autres mythes du roman national

Vikings, au-delà de la mythologie, un certain regard sur le monde scandinave médiéval.
Ragnar Lodbrok (Travis Fimmel) dans la série Vikings (Michael Hirst, History, 2013- )

Il peut paraître étonnant que la tradition écrite de la Scandinavie, parmi les mieux conservées d’Europe, soit aussi méconnue. Mais comme l’essentiel de cette tradition vient d’Islande et de Norvège, en fait cela s’explique facilement. Insulaire, isolée, loin de l’Europe continentale, l’Islande a évolué dans une relative tranquillité. Pendant plusieurs siècles, elle est passée sous les radars. La culture scandinave s’est répercutée en Europe à la faveur des raids vikings. Et pendant longtemps, ce que nous avons retenu d’eux, c’était leur comportement avec les moines qui se faisaient piller. Pour autant, comme l’évoquait Fabien Campaner, ce n’est qu’un des aspects des échanges qu’on a eus avec les Vikings.

Dans Les Vikings, publié dans la collection Idées reçues, Régis Boyer rappelle qu’à une époque où la plupart des lettrés étaient des moines, cela faisait de ces derniers la principale source pour des témoignages écrits. Ils étaient des cibles privilégiées pendant les raids, c’est donc leur vision, décrivant des pillards sanguinaires, qui s’est imposée.

Les raids, en réalité, n’étaient pas systématiques et n’ont duré qu’un temps. Souvent, ils se sont terminés avec des accords, des traités, la sédentarisation des Vikings et leur conversion au christianisme. Ce fut le début d’une implantation permanente des Scandinaves dans nos contrées. La Normandie, ma région natale, s’est construite autour de cette paix et de la christianisation des Vikings. Le Duc Guillaume le Conquérant était d’ailleurs d’ascendance scandinave. Si tu regardes les navires qui ont conquis l’Angleterre, tu reconnaîtras le profilage caractéristique des navires Vikings. Et non, on n’appelle pas ça des drakkars, mais on en parlera une autre fois… peut-être. Ainsi finissent les raids des Vikings, par leur acculturation et leur sédentarisation.

Quand la mythologie scandinave se rapproche de la source

On retrouve beaucoup de traces des raids vikings dans nos contrées. Mais leur mythologie a surtout survécu dans les pays germaniques. Remise au goût du jour par les romantiques allemands, elle y est très populaire au XIXe siècle. Jacob Grimm, connu avec son frère Wilhelm pour les contes, a publié la Deutsche Mythologie. Ouvrage encyclopédique, c’est un témoin de la vivacité des mythes en Allemagne. Ceux-ci étaient une évolution de la mythologie nordique. On y retrouvait le même panthéon, les mêmes histoires, le même récit eschatologique (le Ragnarök).

Richard Wagner, créateur de la Tétralogie, inspirée du folklore germanique, lui-même nourri par la mythologie scandinave.
Richard Wagner (1813-1883), compositeur de L’Anneau des Nibelung, aussi appelé la Tétralogie (photographie : Franz Hanfstaengl, Munich, 1871)

Cette popularité a franchi les frontières, avec la tétralogie de Richard Wagner. Elle se compose dans l’ordre de L’Or du Rhin (Das Rheingold, 1869), La Valkyrie (Die Walküre, 1870), Siegfried (1876), et Le Crépuscule des Dieux (Götterdämmerung, 1876). Siegfried est généralement associé aux bords du Rhin, mais c’est en réalité une figure commune à toute l’Europe du Nord. On l’appelle aussi Sigurd ou Sigurdr, un prénom courant en Scandinavie (notamment en Islande).

Ces mythes ont été largement récupérés par le IIIe Reich. Mais plus globalement, ils ont été constitutifs d’une culture germanique commune. Fritz Lang, qui n’avait rien d’un nazi, avait lui aussi réalisé le film Les Nibelungen, en 1924.

Quelques décennies plus tard, J.R.R. Tolkien, universitaire, linguiste, s’inspirera lui aussi de la mythologie scandinave. L’arbre du Gondor fait référence à Yggdrasil, l’arbre aux neuf mondes. L’Anneau unique renvoie bien sûr à celui des Nibelungen, maudit lui aussi. Bilbon affronte le dragon Smaug, tandis que Siegfried combat le dragon Fafnir. Les créatures (elfes, nains, trolls), sont aussi présentes dans le folklore nordique. Enfin, Tolkien a appelé son univers la Terre du Milieu, l’autre nom donné à Midgard, le monde des hommes dans la Mythologie nordique.

La mythologie dans le metal, l’Europe du Nord s’en mêle

Dans le courant des années 70, Le Seigneur des Anneaux connaîtra le succès mondial qu’on sait. À la même époque, une nouvelle scène dérivée du rock fait son apparition : le heavy-metal. Plus sombre que le rock des années 60, le metal ne cache pas un intérêt pour des thème sulfureux (la mort, le sexe, la religion…). Dès Black Sabbath, on remarque aussi une fascination pour l’ésotérisme, la mythologie et occasionnellement un imaginaire guerrier. Les emprunts à l’imagerie germanique sont fréquents, notamment avec Motörhead. Les motifs métalliques sur fond noir, les caractères gothiques, les croix de fer sont autant de références… Et le second O de Motörhead arbore le metal-umlaut. À la base un signe typique des langues germaniques, il n’a ici aucun rôle phonétique ; son seul but est d’évoquer lesdites langues.

"Overkill", de Motörhead, ou quand le rock n'roll s'approprie l'imagerie germanique.
Motörhead, Overkill (Bronze Records, 1979)

Tu te demanderas sans doute pourquoi une musique née en Angleterre pioche autant dans l’imagerie germano-scandinave. Celle-ci affichait une imagerie plutôt agressive, parfaite pour la musique à laquelle elle se rattachait. Et surtout, des groupes allemands, danois, ou suédois ont très vite investi cette scène, eux aussi.

Je l’avais déjà évoqué, le heavy-metal fait son chou gras des contes et légendes, notamment médiévaux. Aussi, dès les années 80, des groupes comme Bathory, Grave Digger, ou Blind Guardian, se sont inspirés de cet univers. Bon nombre citent Richard Wagner en référence. À cette période, pourtant, le metal reste une musique de niche. C’est plus tard, dans les années 2000-2010, que le grand public commence à vraiment s’intéresser à cet univers. Autour de 2010, la scène dite viking-metal est devenue très populaire. Si on a coutume de citer Amon Amarth, ce n’est en réalité qu’un exemple parmi d’autres.

Petit panorama de la scène viking-metal et liens avec la mythologie scandinave

Après une période sataniste, au cours de laquelle il aurait créé le black-metal, Bathory est passé à la postérité comme fondateur du viking-metal. Vu la grande diversité musicale de ces groupes, il est en fait difficile de parler d’une scène. Mais puisqu’il est surtout question de mythologie, nous allons quand même en faire un tour d’horizon. Je précise qu’il ne s’agit que de mes goûts personnels et non d’une liste exhaustive.

Bathory, Twilight of The Gods (1991), référence explicite à la mythologie scandinave

Bathory, groupe manifeste du viking-metal, et largement nourri par la mythologie scandinave
Bathory, Twilight Of The Gods (Black Mark Productions, 1991)

Composé et interprété par le regretté Quorthon, cet album est tout en majesté et en mélancolie. À l’origine, Bathory était un groupe de black-metal, et les albums précédents ont pu être beaucoup plus agressifs. Ici, le rythme est plus lent, plus posé, mais le style reste imposant et puissant. On trouvera d’autres références à la mythologie scandinave dans la trop courte carrière de Quorthon (mort en 2004 à 38 ans), notamment Hammerheart, sorti un an plus tôt, ou Destroyer of Worlds (2001).

Therion, Secret of the Runes (2001), les runes et les neuf mondes

Therion, groupe de metal symphonique suédois, nourri de mythologie et d'ésotérisme.
Therion, Secret Of The Runes (Adulruna, 2001)

Les Suédois de Therion étaient connus pour leur intérêt pour les mythologies en général. Ici, cependant, ils jouent à domicile. Christopher Johnsson, le leader du groupe, se passionne pour l’ésotérisme, d’où son érudition sur les runes. Si Therion n’a pas fait que du viking-metal, cet album correspond bien à cette définition. En outre, l’orchestration, imposante et pleine d’emphase, rappelle un Wagner, dont le groupe s’est revendiqué à l’époque. On compte, a minima, 15 instruments par morceau.

Grave Digger, Rheingold (2003) la légende de Siegfried

Grave Digger, groupe de power-metal allemand, reprenant des récits héroïques dans leurs albums.
Grave Digger, Rheingold (Irond Records, 2003)

Tout est dit dans le nom. Parmi les anciens de la scène powermetal allemande, Grave Digger aime la jouer épique, musclée et héroïque. Après la légende arthurienne (Excalibur, 2000) et avant la Passion du Christ (The Last Supper, 2004), Grave Digger nous offre un hommage à la légende de Siegfried, avec des références assumées à Richard Wagner.

Amon Amarth, Twilight of the Thunder God (2008) : Thor, fils d’Odin, protecteur de l’humanité

Amon Amarth, groupe de death-metal suédois, a construit sa discographie autour de la mythologie scandinave.
Amon Amarth, Twilight Of The Thunder God (Metal Blade Records, 2008)

Ne pas parler d’Amon Amarth m’aurait valu un aller simple (mérité) pour le Valhalla. J’aime particulièrement cet album, mais en réalité, tous les autres parlent aussi de mythologie nordique. Sur celui-ci, tu trouveras des titres très évocateurs : « Twilight of The Thunder God », « Guardians of Asgard ». Mais les autres albums ne sont pas en reste. Loin de là.

Dans la scène Viking-metal, on trouve aussi des groupes comme Tyr, des îles Féroé, ou Skalmöld, d’Islande, qui puisent davantage dans la saga historique. Les références à la mythologie ne sont pas absentes pour autant.

La mythologie Viking rapportée ou réelle, une zone grise qui se précise au fil du temps

J’ai évoqué la déformation des faits causée par le « roman national » dans notre représentation des Vikings. Ils n’étaient pas que les pillards cruels et sanguinaires dépeints par des moines terrorisés. Ils n’étaient pas non plus les redoutables et valeureux guerriers prêts à mourir pour rejoindre le Valhalla. De même, les références populaires à la mythologie nordique, notamment celle à Thor dans le MCU (Marvel Cinematic Universe, NDA), posent parfois des problèmes. Si certains éléments décrits chez Marvel sont conformes à la mythologie originelle, d’autres sont au mieux simplistes, au pire complètement farfelus. Et non, ça ne me choque pas que Heimdall soit noir.

En revanche, le fait que Thor soit aussi polissé me laisse perplexe. Certes, dans la mythologie nordique aussi, il est sympathique… mais selon les critères Vikings. C’est le protecteur des hommes, mais il reste un guerrier. Il est certes joyeux et rigolard, et sait se montrer très bon. Mais il peut aussi être une brute épaisse, un ivrogne et un véritable goinfre. D’une manière générale, il n’est pas toujours très malin non plus.

Loki, lui, est traité comme un méchant à la Marvel, torturé mais accessible à la rédemption. Je ne discute pas l’intérêt et la cohérence de ce traitement du personnage dans l’univers Marvel. Mais la mythologie scandinave est beaucoup moins manichéenne. Loki est un manipulateur, un tricheur et un opportuniste. Il est surtout celui par qui les ténèbres et le Ragnarök arrivent. Mais à côté de cela, il peut s’allier aux autres dieux s’il y trouve son intérêt. Pour reprendre les termes de Neil Gaiman, Loki est « compliqué ».

Hors du MCU, quelques travaux pour découvrir la mythologie scandinave

Sans être connaisseur, les productions permettant de découvrir la mythologie scandinave ne manquent pas. Le MCU peut être un point d’entrée, mais si tu te contentes de ça, tu passes à côté de beaucoup de choses. C’est comme si, pour paraphraser Tortequesne le conteur, tu te basais sur Merlin l’Enchanteur de Disney pour la légende d’Arthur. S’il était disponible en langue française, je te recommanderais le dessin animé danois Valhalla (Jeffrey James Varab et Peter Madsen, 1986). Si tu te débrouilles en anglais, on trouve des imports assez facilement. Il s’adresse plutôt à un public d’enfants, mais retranscrit assez fidèlement les histoires de L’Edda.

"Valhalla", une présentation de la mythologie scandinave pouvant être vue par toute la famille.
Valhalla (Jeffrey James Varab et Peter Madsen, 1986)

Je te recommande La Mythologie Viking de Neil Gaiman, à la fois agréable à lire et bien documentée. Tu y liras une succession d’histoires relativement courtes et le livre se termine par un glossaire. On regrettera une chose, cependant, certains éléments sont tout juste effleurés (notamment toute l’histoire des Nornes). Mais vu la richesse des mythologies en général, Neil Gaiman aurait eu du mal à être exhaustif en 270 pages.

Au cours de mes recherches, je suis tombé sur Thor et les légendes du Valhalla (Oskar Jonasson, 2011). La bande-annonce m’a un peu inquiété, même si on retrouve beaucoup d’éléments conformes (Hel, reine des Morts, le chariot de Thor tiré par deux boucs,…). Cependant, je me pencherai sur ce film d’animation. En tant que production islandaise, on peut espérer qu’il soit bien documenté.

Si tu souhaites en savoir plus, bien entendu, tu peux regarder aussi cette vidéo de Nota Bene.

Pour conclure

J’ai lu avec beaucoup de plaisir La Mythologie Viking par Neil Gaiman. Pour parfaire ma culture, je pense me plonger dans la Deutsche Mythologie de Jacob Grimm, ainsi que dans l’Edda de Snorri Sturlusson. Tout comme la légende du Roi Arthur, ou la mythologie grecque, il ne s’agit pas de l’œuvre d’une personne seule. C’est un ensemble évolutif de textes, dont il faut chercher les origines dans la tradition orale. En d’autres termes, tout comme les frères Grimm ou Charles Perrault, les auteurs de référence n’ont pas inventé les contes qu’ils publient. Ils n’ont fait que les transcrire afin d’en conserver une trace.

Comme souvent dans les mythes, le panthéon scandinave nous dit aussi beaucoup de choses sur nous-mêmes, à travers les personnalités marquées de ses dieux. C’est ce qui confère une universalité du mythe, et des ressemblances d’une tradition à une autre. George Lucas s’est appuyé sur ces invariants du mythe quand il a imaginé Star Wars. Cela explique aussi, au moins en partie, le succès des comics américains hors des États-Unis.

Tel un fandom avant l’heure, la mythologie, scandinave ou autre, est un appel à la création. Cela explique pourquoi beaucoup d’artistes, dans des domaines différents, se sont approprié ces univers. On comprend aussi pourquoi ces mondes imaginaires, aujourd’hui encore, restent de telles sources d’inspiration. Peut-être toi-même réaliseras-tu une œuvre en lien avec les mythes et légendes. Peut-être même est-ce déjà fait, auquel cas je t’encourage à persévérer et à partager ton imaginaire avec nous tous.

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